Louis Duc et Masa Suzuki, le duo Normando-Japonais de l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement, ont bouclé leur Transat Café l’Or Le Havre Normandie ce mercredi matin à 9h 11min 59s, après 16j et 18h de course, à la 14e place et au 2e rang des bateaux à dérives. Sportivement, ils ne pouvaient signer meilleure performance et, humainement, ces deux marins se sont découverts, appréciés et respectés au fil des milles, distillant avec humour et sincérité de belles valeurs d’ouverture, qui ont apporté une autre dimension à ce défi sportif réussi. Des bases saines qui seront celles de leurs projets Vendée Globe 2028 respectifs : à suivre !

©Team Fives Group – Lantana Environnement

© Jean-Louis Carli / Alea

© Jean-Louis Carli / Alea
Contrat plus que rempli pour cette transat de transmission : la dernière pour Louis Duc à bord de ce bateau qu’il a reconstruit et optimisé pendant 4 ans, et la toute première pour Masa Suzuki qui découvrait l’Imoca en vue du Vendée Globe 2028, qu’il devrait disputer à la barre de ce plan Farr de 2006.
Ce duo a fait la meilleure place possible compte tenu du potentiel performance de cet Imoca à dérives, Masa a pris en main ce bateau et ils nous ont régalé de leurs valeurs de partage, d’écoute, de bienveillance, le tout avec humour : des valeurs qui touchent tout le monde.
Une 14e place gravée dans le marbre
Petit clin d’œil avant de laisser la parole aux marins : c’était la 3e Route du Café en Imoca pour le skipper Fives Group – Lantana Environnement et sa 3e place de 14e et 2e bateau à dérives ! La première, en 2021 avec Marie Tabarly, la 2e en 2023 avec Remi Aubrun, et trois fois à bord de ce 60 pieds n° 172.
Je préfère les dépressions !
Louis Duc, skipper Fives Group – Lantana Environnement : « C’était une belle course, avec un scenario météo intéressant même si le passage obligatoire par les Canaries bloquait un peu le jeu stratégique.
C’est assez rare que je me retrouve à jouer dans les alizés (c’était ma 25e transatlantique et je n’en ai pas beaucoup fait dans les alizés !). J’avoue que ce n’est pas ce que je préfère. J’aime mieux aller négocier les dépressions sur une route nord (rires) ! »
C’est un peu monotone ces alizés
Louis Duc : « 10 jours dans les alizés c’est cool parce qu’il fait grand beau, 20 nœuds de vent, un grain de temps en temps, pas trop chaud (c’est important pour un Normand ! Et Masa avait des petits ventilateurs pour nous rafraichir si besoin !)
Mais, honnêtement, c’est un peu monotone. Et ça manquait de concurrents autour de nous. Café Joyeux, on le sait, est plus rapide que nous dès que l’on est sur des allures débridées. Et ils ont très bien navigué. Ce bateau reste l’Imoca à dérives de référence, même si nous ne sommes plus très loin en performance. Et, derrière nous, ils étaient assez loin. »
Jouer avec les systèmes météo ; c’est ça que j’adore !
Louis Duc : « En revanche, le début de course dans les dépressions en Manche et la dorsale dans le golfe de Gascogne : ça, c’était intéressant. On était à l’aise à se bagarrer avec Café Joyeux : c’est ça que j’adore ! Avoir un changement météo tous les 48h, adapter sa stratégie en permanence, c’est stimulant. »
Et, en plus il fait le ménage !
Louis Duc : « Je l’ai déjà dit, mais je le redis : Masa est excellent compétiteur. Il a navigué à haut niveau en dériveur, il a fait des transats en Mini, en Class40, un tour du monde… Il comprend vite. Il écoute, observe pour comprendre la logique des choses. Et ensuite il fera à sa façon. Il est méthodique, cartésien et progresse vite.
Et c’est aussi quelqu’un d’agréable à vivre : il est positif, il a de l’humour. C’est un bon camarade et, en plus, il fait le ménage ! »
La transmission va se poursuivre à terre
Louis Duc : « La transmission n’est pas terminée. Après la transat retour, nous allons réaliser le chantier post-transat. Masa sera là pour observer et participer. Ensuite, tant qu’il aura besoin d’un coup de main, on sera là.
On n’est pas dans un rapport commercial, mais bien dans la transmission pour que tout se passe au mieux pour tout le monde. »
Ensuite, mon obsession sera la Route du Rhum à la barre d’un foiler
Louis Duc : « Avant de penser à un autre bateau, on va donc bien terminer l’histoire de celui-ci. Après, on va réunir les personnes engagées autour de ce projet et se battre pour être sur la Route du Rhum à la barre d’un foiler, afin de commencer les qualifications pour le Vendée Globe 2028.
Une fois que n°172 sera livré, ce sera mon obsession. »
Le bilan est extrêmement positif
Masa Suzuki : « C’était ma première transat en Imoca, j’avais pas mal de pression au départ parce que je n’avais jamais navigué avec Louis, jamais en Imoca, et que mon projet Vendée Globe dépendait de la réussite de cette course.
Mais après seulement quelques jours de course avec Louis je me suis senti très à l’aise. La pression est tombée et j’ai pu commencer à profiter de la compétition et continuer d’apprendre.
Le bilan est extrêmement positif : j’ai énormément appris aux côtés de Louis, c’est un excellent professeur, nous avons beaucoup partagé. Au niveau humain, c’était également très riche. Je suis très chanceux. »
Ce bateau est le meilleur compromis pour mon projet Vendée Globe
Masa Suzuki : « J’ai pu observer les différences de performances d’un Imoca à l’autre. Et je reste convaincu que ce bateau est pour moi le meilleur compromis performance/prix/technologie. D’une part parce que je n’ai pas beaucoup de budget et d’autre part parce que mon objectif sur ce premier Vendée Globe est de monter un programme sûr, pour réussir à boucler la boucle. Un bateau à dérives est donc idéal pour ça.
… et nous verrons ensuite s’il y aura un autre Vendée Globe sur un Imoca à foils ! (rires) »
Le meilleur des professeurs
Masa Suzuki : « Louis a été le meilleur professeur que je pouvais rêver d’avoir pour cette prise en main du bateau. Et il s’est révélé aussi être un véritable partenaire. Nous avons beaucoup échangé pendant la course sur nos parcours respectifs. Nous allons continuer de travailler ensemble dans le cadre de nos projets respectifs de Vendée Globe… »
Et voilà comment, par leur engagement, leur ouverture et leur tolérance respectives le duo Fives Group – Lantana Environnement a transformé une transaction commerciale en une véritable collaboration teintée de respect et de complicité. Inspirant.