Louis Duc et Rémi Aubrun terminent 2e des bateaux à dérives et 14e au général de cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre à l’issue de 14 jours d’une passionnante régate océanique, notamment entre Imoca de l’ancienne génération. « Nous sommes un petit groupe de 5 – 6 bateaux à dérives, assez proches en termes de potentiel et d’état d’esprits. Nous sommes tous des compétiteurs. On se bat pour participer au Vendée Globe et pour performer, même si nous disposons de projets et de budgets plus raisonnables que les foilers », souriait le skipper de l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement à son arrivée à Fort de France. Ces programmes sportifs et frugaux à la fois, viennent de prouver qu’il faudrait compte avec eux !

© Jean-Louis Carli / Alea

Au cœur de la nuit antillaise, l’Imoca à la grosse fleur a franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre à 9 h 51 min 34 s ce mardi, après 14 jours de ce genre de course qui rend les marins et ceux qui les suivent tout simplement heureux. Parce qu’après trois années d’un travail acharné*, le marin Normand a enfin pu en récolter les fruits. A un an du Vendée Globe ça fait plaisir et ça se déguste.

Ça nous tire tous vers le haut

Louis Duc : « Il y a eu un gros travail accompli en trois ans. On est maintenant dans la phase de fiabilisation et de performance. Il y a encore à faire, mais nous avons franchi beaucoup d’étapes. Et ce qui est intéressant, c’est que nous sommes un petit groupe de 5 – 6 bateaux à dérives, assez proches en termes de potentiel et d’état d’esprits. Ça nous tire tous vers le haut. C’est nouveau au sein de la classe IMOCA. Nous sommes tous des compétiteurs. On se bat pour participer au Vendée Globe, pour performer, même si nous disposons de projets et de budgets plus raisonnables que les foilers.
Et ce format de budget « frugal » est voulu, pas subi. Cela n’empêche pas d’être des compétiteurs de se tirer vers le haut. On a tous progressé et ça promet de belles bagarres encore à venir. »

Respect aux sudistes

Louis Duc : « Sur cette Transat, les deux duos partis au Sud ont mis un rythme extrêmement élevé : je les surveillais à chaque pointage. Je leur tire mon chapeau : ils ont mis la barre très haut techniquement avec de belles vitesses moyennes. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’ils ont réussi à faire. Au nord, nous étions trois bateaux à nous surveiller et à nous stimuler en permanence. A chaque petite différence de vitesse, de cap, on cherchait à comprendre ce différentiel. Cela nous a permis de beaucoup travailler sur les choix stratégiques, les réglages fins, les combinaisons de voiles. C’était hyper enrichissant, ça a imposé un rythme soutenu : c’était une super course ! »

Bravo à l’organisation

Louis Duc : « J’en profite aussi pour féliciter l’organisation et la direction de course. Cette route du café a été extrêmement compliquée à mettre en place. Ils ont réussi à surmonter toutes les difficultés, et elles n’étaient pas petites… »

Speed test océanique

Louis Duc : « Faire une transat entière bord à bord avec des bateaux proches du nôtre en termes de performance, il n’y a pas plus précieux pour apprendre ! Depuis 3 ans, nous avons dû consacrer beaucoup de notre temps à la reconstruction et la transformation de notre Imoca. Cette transat, c’était pour nous comme un speed test océanique ! Elle nous a permis, pendant 15 jours, de travailler concrètement sur la performance, en se comparant à nos camarades de course : j’ai énormément appris.
Et Rémi a engrangé aussi beaucoup d’informations précieuses sur le bateau et ma façon de naviguer pour pouvoir dessiner les voiles qui restent à faire en vue du Vendée Globe. »

© Jean-Louis Carli / Alea
© Jean-Louis Carli / Alea

Rémi Aubrun, co-skipper en or

Ému de fatigue, de bonheur, à son arrivée à Fort de France, Rémi Aubrun a savouré chaque instant de ces 14 jours de transat. Compétiteur accompli et excellent technicien il ne s’est pas ménagé une seule seconde entre Le Havre et Fort de France, chargé qu’il était de deux missions : performer H24 et travailler sur le jeu de voiles de l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement en vue du Vendée Globe. Et puis, avec Louis, ils ont fait la paire.

Rémi : un taiseux et un performer

Louis Duc : « Sans le connaitre vraiment, j’étais convaincu que c’était une belle personne, maintenant, j’en suis persuadé ! C’est un taiseux et un performer. Il observe, il n’est jamais dans le reproche. Il étudie, il interroge, on échange, on teste de nouvelles idées et ça avance comme ça, naturellement et efficacement, en apprenant chacun l’un de l’autre.
Rémi, en plus d’être une pointure dans son domaine, la voilerie, est aussi un excellent marin et un compétiteur acharné. Il ne lâche jamais rien. On s’est bien retrouvé là-dessus. J’ai adoré courir avec lui ! »

Un bateau incroyable !

Rémi Aubrun : « On a été à fond tout le temps. Entre les grands choix stratégiques, la tactique rapprochée, les concurrents à surveiller de très près… des systèmes météo à accrocher absolument pour rester dans le bon wagon. Ça n’a pas arrêté une seconde et c’était génial.
En double, il y a une saine émulation. On se tire vers le haut. Je m’attendais à une intensité de ce niveau-là, mais pas à un bateau aussi sympa ! Ça a été un vrai plaisir ! Il est hyper marin, accélère facilement. On a de supers sensations, on le sent glisser et avaler les milles sans difficulté. C’est un bateau incroyable. »

Infos précieuses

« Le travail sur les voiles a été ultra riche. C’était énorme. J’ai pu emmagasiner beaucoup d’informations dont je vais me servir pour la suite.
Le bilan sur les voiles existantes est également très positif, il n’y a pas grand-chose à revoir. Pour les voiles suivantes je vois maintenant ce qu’il faut faire pour gagner encore en performance et battre le Monnoyeur – Duo for a job ! »
(rires)

Bravo à l’équipe technique

« Tout s’est super bien passé. Le bateau était vraiment très bien préparé, bravo à l’équipe. Le ballast a explosé, mais ça on n’y pouvait pas grand-chose. Tout le reste a fonctionné et c’est grâce à ça que nous avons pu nous concentrer sur la stratégie et la performance. »

Une transat en cache une autre

Dans 8 jours, l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement devra à nouveau être opérationnel pour Le Retour à la Base, transat retour en solitaire, qualificative pour le Vendée Globe.
Pour les teams techniques, c’est un véritable challenge. Surtout pour les petites équipes. Louis adaptera sa course en fonction du potentiel de son bateau…

Louis Duc : « Il y a pas mal de choses à remettre en état avant de pouvoir être à nouveau en configuration course. Le temps imparti est très réduit. On ne pourra pas faire un contrôle poussé du gréement ici. J’en tiendrai compte
L’objectif sera avant tout de ramener le bateau intact de l’autre côté. En mer, je déciderai du rythme que je mettrai dans cette course. »


* Automne 2020 : Louis achète un Imoca à l’état d’épave et fait le pari de le transformer en un bateau de l’ancienne génération aussi performant que les meilleurs de sa catégorie. En trois ans, il réussit à fédérer une équipe, des partenaires autour de ce programme Vendée Globe axé sur la frugalité innovante grâce au recyclage de cet Imoca, véritable Phoenix…